LA DOMESTICITÉ

 

     Au XIXe siècle, la population est divisée en quatre classes sociales distinctes : la noblesse et l'aristocratie, la bourgeoisie (la middle class des Anglais), la classe ouvrière supérieure (upper working class), et la classe ouvrière inférieure (lower working class). Ce sont pratiquement des castes en soi, dans le sens où il est considéré comme une offense grave de prendre l'apparence d'une autre classe que la sienne. Les Victoriens définissent la bourgeoisie comme regroupant « tous ceux qui exercent une profession exigeant de la compétence ou de la réflexion, et non un labeur physique ».
     Les maisons nobles et bourgeoises accueillent une domesticité nombreuse (18% de la force de travail en Angleterre). Omniprésents, les domestiques sont chargés de tâches très variées, et occupent des fonctions très hiérarchisées. Ils sont d'ailleurs souvent plus à cheval sur l'étiquette et plus mondains que leurs maîtres, et attachent une grande importance au statut que leur confère la position sociale de ces derniers. Tout domestique nourrit ainsi le désir de travailler au service de personnes de qualité. En effet, œuvrer dans une maison respectable est considéré comme un moyen de « s'améliorer », et certaines personnes considèrent même les domestiques comme appartenant à la classe qu'ils servent. Ainsi, une bonne servant dans la maisonnée d'un duc pourrait être considérée comme appartenant au rang le plus bas possible de la noblesse ! Mais la vie des domestiques est sans doute moins facile que celle de la classe ouvrière, car ils restent très isolés et solitaires, travaillant sept jours par semaine, douze heures par jour. Les ouvriers des usines, les employés de bureau ont la possibilité de mener une vie sociale en accomplissant leur tâche, et ne travaillent que six jours et dix heures.
      Une maison de bonne taille emploie généralement une vingtaine de personnes ; un château peut en compter des centaines. Dans les plus petites maisons, les domestiques cumulent souvent plusieurs charges. Par exemple, un jeune gentleman vivant dans un modeste appartement n'est généralement servi que par un valet de chambre, et prend ses repas à l'extérieur, à son club ou au restaurant. Une famille bourgeoise aux petits revenus se contente d'une cuisinière, d'une bonne à tout faire, d'un valet de chambre et d'une femme de chambre...

Un microcosme hiérarchisé

     Pour que tout ce petit monde travaille d'une façon ordonnée et efficace, il existe une chaîne de commandement. Les règles d'une maison bien tenue sont fondées sur une structure sociale qui est aussi rigide que celle de la haute société. On distingue ainsi les domestiques « d'en haut », en contact direct avec les maîtres, et ceux « d'en bas », voués aux travaux plus grossiers et aux tâches quotidiennes. Les maîtres sont tout en haut de la pyramide, suivis par la gouvernante, le précepteur, le majordome et l’intendante.
     La partie réservée aux maîtres englobe les salles de réception situées au rez-de-chaussée (boudoir, salle à manger, jardin d’hiver, grand salon, fumoir, bibliothèque, bureau) et les appartements privés à l'étage. L’espace réservé aux serviteurs couvre tout le sous-sol ainsi que l’office situé au rez-de-chaussée, et les soupentes ou le dernier étage pour les chambres. Les serviteurs ne se rendent dans les autres parties de la maison que pour y travailler.
     Les domestiques sont tenus d’exécuter immédiatement les instructions des maîtres, du mieux qu’ils peuvent et sans contestation aucune. Lorsque les serviteurs croisent les maîtres dans la maison ou dans le jardin, ils doivent leur céder respectueusement la place. Le petit personnel, tels que l’homme à tout faire ou la fille de cuisine, n’ont pas le droit de s’adresser directement aux maîtres mais juste de leur répondre. Lorsqu’ils parlent aux maîtres, les domestiques sont tenus de les appeler « Madame » et « Monsieur » (p.ex. « Comme Madame le souhaite » ou « Monsieur désire-t-il autre chose ? »). Les employés de maison appellent les enfants par leur prénom et les vouvoient.
     Attention, la vie quotidienne d'un maître qui traite mal ses domestiques peut rapidement devenir un enfer... Voyons ce que nous explique une petite femme de chambre : « Ici, personne ne lui pardonnera cela. Pour elle, il ne sera plus possible de boire son thé chaud le matin : il sera tout juste tiËde. À chaque fois, nous serons dÈsolÈs, nous nous demanderons comment cela a pu se produire, mais cela se reproduira. Ses plus beaux vÍtements seront traitÈs ý la va-vite ý la buanderie, certains seront mÍme dÈchirÈs, et personne ne sera capable de dÈsigner le responsable. Chacun dira avoir trouvÈ le vÍtement dans cet Ètat. Quant ý son courrier, il sera remis ý quelquíun díautre ou cachÈ entre les pages díun livre, les messages quíelle recevra ou quíelle enverra seront retardÈs. Son appartement va se refroidir, pour la bonne raison que les valets seront trop occupÈs pour venir allumer le feu dans ses cheminÈes, et son thÈ du soir lui sera servi trËs tard. Et il ne faudra pas quíelle compte sur líintendante ou la cuisiniËre pour y mettre le holý ! Ces deux-lý seront aussi innocentes et souriantes que nous autres, mais níauront pas la moindre idÈe de ce qui aura pu se passer. Et le majordome ne lËvera pas le petit doigt non plus. Il a beau avoir de grands airs et se prendre pour un duc, cet homme-lý sait Ítre loyal quand il le faut. Il fait partie des nÙtres. »

Les règles que doivent suivre les domestiques

1 - Quand on s'adresse à vous, restez tranquille, gardez vos mains immobiles et regardez toujours la personne qui vous parle.
2 - Les dames et les messieurs ne doivent jamais entendre votre voix, à moins qu'ils ne se soient directement adressés à vous en vous posant une question. Quand vous répondez, parlez le plus brièvement possible.
3 - En présence de Madame, ne parlez jamais à un domestique, àune personne de votre rang ou à un enfant, à moins que vous n'y soyiez contraint par la nécessité du service. Dans ce cas, parlez brièvemenet et le plus doucement possible.
4 - Ne parlez jamais en premier aux dames et aux messieurs, à moins que ce ne soit pour délivrer un message ou poser une question nécessaire. Dans ce cas, parlez le plus brièvement possible.
5 - Quand cela est possible, les effets personnels tombés à terre, comme des lunettes, un mouchoir ou d'autres petits objets, doivent être rendus à leur propriétaire sur un plateau.
6 - Répondez toujours quand vous avez reçu un ordre, et utilisez toujours le mode d'adresse correct : « Monsieur », « Madame » ou « Madamoiselle » selon les cas (en Angleterre, « Sir », « Ma’am », « Miss » ou « Mrs »).
7 - Ne donnez jamais votre avis à votre employeur.
8 - Faites toujours « de la place » : si vous rencontrez l'un de vos supérieurs dans la maison ou les escaliers, vous devez vous rendre le plus invisible possible, en vous plaçant vers le mur et en détournant le regard.
9 - Sauf pour répondre à une salutation qui vous est offerte, ne dites jamais « bonjour » ou « bonsoir » à votre employeur.
10 - Quand vous accompagnez une dame ou un monsieur pour porter des paquets, ou pour toute autre raison, restez toujours plusieurs pas en arrière.
11 - Vous devez toujours être à l'heure et à votre place au moment des repas.
12 - Vous n'avez pas le droit de recevoir des parents, des visiteurs ou des amis dans la maison, pas plus que d'introduire une personne dans les communs, sans le consentement du majordome ou de l'intendante.
13 - Les petit(e)s ami(e)s sont strictement interdits. Tout membre féminin du personnel surpris en train de « fraterniser » sera immédiatement renvoyé.
14 - Les objets cassés et les dégâts faits dans la maisonnée sont déduits des gages.

La vie sociale des domestiques

     Les domestiques commencent à travailler très jeunes, le plus souvent vers douze ans, mais de nombreux enfants exercent des tâches ménagères dès l'âge de six ans. Dans de nombreux cas, on hérite du poste de ses parents. En Angleterre, la majorité sont des femmes, car il existe une taxe sur les domestiques hommes, ce qui ne les autorise qu'aux maisons les plus riches. Les domestiques viennent souvent de la campagne, car on les croit plus travailleurs et obéissants que les gamins des villes. Un domestique trouve souvent son premier poste dans une maison campagnarde locale, puis entre au service d'une maison urbaine à trente, cinquante kilomètres de distance. En effet, la plupart des employeurs évitent de recruter leurs serviteurs dans la population locale, pour éviter que les jeunes filles ne colportent des ragots auprès de la communauté locale, qu'un soupirant ne vienne les chercher ou qu'elles s'enfuient à la première occasion pour retourner dans leur famille. C'est dans ce premier poste qu'une servante commence à accumuler de l'expérience, en accomplissant des tâches ménagères, en aidant à la cuisine ou en s'occupant des enfants.
     Au début du XIXe siècle, les domestiques dorment souvent dans la cuisine ou dans des placards sous les escaliers. Plus tard dans le siècle, ils reçoivent des chambres dans les combles, froides, humides et mal éclairées. Cependant, les hommes continuent souvenet à dormir en bas pour protéger la maisonnée.
     Les employeurs interdisent souvent aux domestiques de décorer leur chambre, que ce soit avec des tableaux, des photographies ou des affaires personnelles. Ils s'arrogent aussi le droit de fouiller dans leurs affaires quand bon leur semble. Les manuels de la bonne société indiquent que « la chambre d'un domestique ne doit comporter qu'un minimum d'articles, nécessaires au confort. » Cela signifie que le mobilier se réduit souvent à un simple lit, une chaise en bois, une petite armoire et une table de toilette.
     Comme dans les chambres à coucher, le mobilier dans les communs reste simple et basique. Il y a généralement une grande table centrale avec des chaises à barreaux , quelquefois des armoires le long des murs. L'éclairage est fourni par des bougies, des lampes à huile ou à pétrole. Même si la majeure partie des maisons victoriennes possèdent l'éclairage au gaz, il est généralement réservé aux pièces « d'en haut ».
     Il y a toujours un grand feu dans la cheminée des communs, qui permet au personnel d'avoir chaud, quand il trouve un instant pour s'y rassembler. La charge de travail quotidienne est lourde et fatigante, les heures sont longues, mais en dépit de tout cela, la vie n'est pas toujours mélancolique et triste. Il y a aussi des moments de plaisir, de joie et de satisfaction.
     L'un des obstacles les plus courants et les plus difficiles que les domestiques doivent surmonter est la solitude et l'isolement. Pour la plupart d'entre eux, la vie sociale «  en bas » se restreint aux contacts avec un ou deux autres domestiques, ou quelquefois avec un livreur. Mais en dépit de la nature monotone et souvant frustrante de leur statut, la plupart des domestiques sont fiers de leur travail, et se révèlent efficaces et compétents au service de leur employeur. Le travail restant morne et ingrat, le personnel apprécie grandement toutes les occasions de distraction, de loisir et le temps libre qui lui est accordé.
     Au début du siècle, les domestiques n'ont pas de temps libre, et doivent demander la persmission pour obtenir de brefs moments de loisir, ce qui n'est généralement pas approuvé par leur employeur. Du temps libre est quelquefois donné en récompense d'un bon travail, mais il peut être très facilement supprimé en guise de punition. Vers les années 1880, cependant, les domestiques reçoivent une demi-journée le dimanche, commençant après le déjeuner (et seulement si toutes leurs corvées du matin sont terminées), et une journée complète par mois, commençant après le petit déjeuner (après avoir terminé leurs diverses tâches). Vers 1890, les domestiques reçoivent une semaine de congé par an, et comme la solitude et le désir de revoir leur famille sonvent souvent très forts, ils dépensent généralement toutes leurs économies de l'année pour s'offrir le billet de train pour leur rendre visite. Le prix des transports fait que la plupart des domestiques ne voient pas leurs amis ou leur famille pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Même si de nombreux employeurs se considèrent comme trop généreux en octroyant du temps libre à leur pesonnel, beaucoup ont bon cœur et leur offrent quelques plaisirs simples, comme par exemple la mise à disposition d'une pièce ensoleillée pour la lecture, ou d'un piano dans les communs.
     Même si les visites personnelles sont souvent interdites, elles continuent dans la clandestinité, surtout en l'absence des maîtres. En fait, quand « personne ne regarde », on s'amuse dans les communs, tout particulièrement dans les grandes maisons. Les serviteurs (surtout les hommes) mènent alors « la grande vie », en jouant aux cartes et même quelquefois en recevant leur bookmarkers. C'est le moment où le personnel se lance dans des batailles de pelochons ; où l'on entend des rires, de la musique, du piano et du violon, des chants, et où l'on danse ; où certains s'enivrent, où l'on se joue des farces et où l'on arrive même à flirter, en allant parfant jusqu'à « cohabiter ».
     Durant leur jour de congé, les domestiques sortent pour faire une promenade, rendre visite à des amis ou des parents, visitent les jardins publics ou les music-halls, font quelques courses. Mais comme ils doivent être rentrés pour neuf ou dix heures, leurs loisirs sont souvent interrompus, et comme il est interdit d'avoir des soupirants, les femmes doivent toujours rencontrer leur petit ami en secret.
   Naturellement, il y a des cas, surtout dans les grandes maisons, où des unions entre le personnel féminin et masculin existent. Mais si cela se sait, les deux contrevenants risquent de perdre leur place. Il existe cependant quelques exceptions où les domestiques reçoivent l'approbation voire l'encouragement de leurs maîtres, mais dans la plupart des cas, enfreindre la règle de la « fraternisation » provoque de graves sanctions, particulièrement quand les personnes concernées sont toutes deux membres du personnel.
    La grande majorité des servantes se marient, pourtant, en moyenne vers l'âge de vingt-cinq ans. En général, elles ont alors servi pendant douze ans, ayant occupé entre trois à cinq postes. Une fois mariées, les anciennes servantes éprouvent beaucoup de difficultésà gagner de l'argent. Elles ne peuvent pas reprendre leur travail de domestique, car la société attend d'elles qu'elles s'occupent de leur mari et de leurs enfants.

Les domestiques de haut statut

La gouvernante (governess)

     Ce n'est pas tout à fait une domestique, ni vraiment un membre de la famille, et elle est considérée comme appartenant à la bourgeoisie. La gouvernante est chargée des enfants, quand ceux-ci ne sont plus en âge d'être placés sous les soins de la nurse. Elle les éduque et leur apprend les règles du savoir-vivre. Elle peut aussi faire office de dame de compagnie pour Madame et accompagne la famille dans ses déplacements. Elle vit au même étage que les maîtres et appelle les enfants par leur prénom.
     La gouvernante est souvent une femme bien née « tombée dans la pauvreté après la mort d'un père ou d'un mari ». Les gouvernantes les mieux côtées sont les filles de pasteur, les veuves d'officiers et les dames qui (sans que ce soit de leur faute) ont besoin de travailler pour subvenir à leurs besoins. On considère que leur éducation bourgeoise les ont mieux préparées à leur poste, et leur statut social apporte une certaine classe à la famille qui les emploie. Selon le magazine The Quarterly Review, c'est une personne « qui est notre égale par la naissance, les manières et l'éducation, mais notre inférieure en matière de biens matériels ».
     C'est une position très difficile à tenir dans une maison victorienne. Obligée de devenir une personne asexuée d'une grande rigueur morale, la gouvernante n'a pas le droit de s'associer intimement avec la famille ni de se sentir à l'aise avec les autres domestiques. Ses repas lui sont généralement servis dans la salle de classe, où elle mange seule ou avec les enfants. Quelle que soit les aptitudes de ses élèves, elle est considérée comme responsable de leurs progrès. Ce sont d'ailleurs souvent ses seuls compagnons. La famille l'invite quelquefois après le dîner dans le boudoir, mais elle s'y sent probablement comme une intruse, tout comme à l'office, où les autres domestiques lui tiennent rigueur de son éducation et de son statut social. Elle mène donc une vie très solitaire et souvent déprimante, qui peut devenir un véritable enfer si les enfants la méprisent, la ridiculisent ou la harcèlent.

Le précepteur (private tutor)

     De par son savoir, il bénéficie d’un statut privilégié dans la maison. Il donne des leçons particulières aux enfants des maîtres dans les matières « nobles » (sciences, humanités, etc.). Dans les plus grandes maisons, il vit dans la demeure, à l'étage des maîtres. Sinon, il vient dispenser ses cours à domicile, et peut se rendre ainsi chez plusieurs familles durant la semaine.

Le majordome (butler)

      Il est exclusivement attaché au service des maîtres et occupe donc un poste de confiance. Il se distingue par son excellente présentation, sa fidélité, son honnêteté, son ardeur au travail et sa discrétion. C'est lui qui contrôle l'accès aux maîtres de la maison, utilisant son sens des distinctions sociales aiguisé et mettant en pratique son snobisme de classe. Il peut parfaitement refuser l'entrée de la maison à une personne qu'il n'estime pas d'un rang suffisant, au tout au moins, le forcer à emprunter l'entrée de service. Il dirige l'ensemble des domestiques de la maison, et n'accomplit aucune tâche ménagère, à part peut-être l'ouverture des bouteilles de grands vins. Il est aussi chargé de la sécurité et du nettoyage de l'argenterie et de biens de valeur. Il gère la disposition de la table du dîner, et annonce le repas à la maîtresse de maison. Durant le repas, il se contente de découper les viandes et de retirer les couvercles des plats. À la fin de la journée, il s'assure que toutes les portes et fenêtres soient bien fermées, que la vaisselle soit bien rangée et que toutes les cheminées soient sécurisées.
     Sa tâche principale est de superviser le bon fonctionnement de la maison et de diriger la domesticité masculine, depuis son petit bureau à l'office. La charge de majordome est souvent héréditaire. En fait, il a assez souvent plus de contrôle sur la maisonnée que les maîtres.

     Vous pouvez trouver ici toutes les tâches quotidiennes du majordome (en anglais).

L'intendante (housekeeper)

      Elle engage et dirige la domesticité féminine et gère les dépenses quotidiennes. Elle s'occupe des achats et des approvisionnements, tient les inventaires et les comptes et possède un petit bureau près de la cuisine. L'anneau de clés qu'elle porte à la ceinture, insigne de sa charge, lui donne accès à toutes les pièces de la maison. Elle gère aussi tout le linge de maison, veillant à ce que les maîtres et le personnel ait toujours à la disposition du linge et des draps propres, et supervise le nettoyage des meubles, l'approvisionnement
      Elle est placée sous les ordres de la maîtresse de maison et organise le travail de la maisonnée en fonction des instructions de celle-ci.On l'appelle « Madame Untel » (« Mistress », en Angleterre).

Le chef / La cuisinière (chef, cook)

      C'est le plus souvent un homme dans les grandes maisons, et dans ce cas, c'est presque toujours un Français.Dans les maisons plus modestes, c'est une femme. Le chef règne en maître à la cuisine, où il dirige les petites mains chargées des travaux de base, veille à la confection de tous les repas servis dans la maison, ceux des domestiques comme ceux es maîtres. Il n'est pas chargé de l'achat des denrées ni des vins (la prérogative du majordome). Dans les maisons menant grand train et à la nombreuse domesticité, le chef peut être assisté de cuisiniers aux fonctions particulières (pâtissier, rôtisseur, etc.)

     Vous pouvez trouver ici toutes les tâches quotidiennes de la cuisinière (en anglais).

A professed cook would not do any general housecleaning, nor any ‘plain cooking’, and her ingredients would generally be prepared for her by the kitchen staff. In larger homes, where there was a “Professed Cook”, she was assisted by both kitchen maids and scullery-maids, whose duties included lighting the kitchen fires early in the morning, and cleaning the kitchen for Cook’s use during the day. In some households, it was the responsibility of the senior kitchen maid to cook meals for other servants, while Cook focused her attention on provisions for the household “above stairs.
The busiest times of the day for the cook were the morning and the early evening. In the morning hours, Cook would first meet with the mistress of the house for her to re- view and approve menus, then she would prepare soup for the following day, as soup was “not usually meant to be eaten the same day it was made”. Next, Cook would prepare the jellies, pastries, creams and entrées required for the evening meal, and then luncheon was prepared for those “above stairs”. The afternoon hours allowed Cook a little bit of down time, unless guests were staying in the house, or if a dinner party was to be held. Then, on such occasions as these, servants found no time for rest. The hours between 5:00 p.m. and 10:00 p.m. were extremely hectic for Cook. Once dinner had been served, Cook’s work for the day was finished, and the remainder of the clean up and chores fell to the kitchen maids and scullery maids. These remaining chores, in and of themselves, were extremely laborious, as a full dinner for 18 people could easily produce some 500 separate items of china, glassware, kitchenware and cutlery that needed to be cleaned
The “Plain Cook”, unlike the aforementioned “professed cook”, would have general housekeeping duties to perform, many which were not related to cooking at all, especially in households where there were no kitchen or scullery maids. She might be expected to dust and sweep the dining room or parlor, light the fires, sweep the front hall and/or door-step, and even clean the grates—all in addition to maintaining the work of the kitchen. She would need to rise early, 6:00 in the summer months, and 6:30 in the winter, to light the kitchen fire, and then complete all her work upstairs before cooking breakfast. Plain Cooks were usually expected to only cook simple meals. For example, for luncheon, she might serve a joint of meat, vegetables and pudding. For dinner, she would prepare much the same meal, or she might vary it by serving fish, vegetables, potatoes and tarts.
Following dinner, the plain cook would need to clean the dishes, and scour tables and kitchen counters, and perhaps mop the kitchen floor so that it would be clean for the next morning. These were all tasks that the scullery maid would typically perform, but in a household where there was no scullery maid, these chores were left to the plain cook. She was to see to it that all these duties were completed before going to bed, and finally, it was her responsibility to see that the kitchen fires had burnt low; that the gas (in homes that had gas) in the kitchen and passages was turned off; and that the basement doors and windows were securely fastened. At last, she could retire for the night.

Les domestiques personnels

Le valet de chambre (valet)

      Il s'occupe des vêtements, des armes et des effets personnels du maître. Dans la demeure d'un célibataire, il prend à sa charge les tâches de l'intendante (un célibataire n'a pas de personnel féminin). Il lui arrive de servir de garde du corps.

La camériste, ou femme de chambre (lady's maid)

      Elle s'occupe de la garde-robe des dames de la maison, les coiffe, les habille et les aide dans sa toilette.
      Dans les grandes maisons, une femme de chambre est spécialement chargée d'accueillir les visiteurs. Sélectionnée sur son apparence physique, elle a pour mission de traverser le salon de réception tête haute et de faire froufrouter ses jupons, pour aller ouvrir la porte d'entrée l'après-midi et porter les cartes des visiteurs sur un plateau d'argent. Dans une maison plus modeste, la femme de chambre de Madame occupe cette fonction durant l'après-midi.

The Lady’s Maid was hired by and reported directly to the mistress of the house, rather than the Housekeeper. Because her position necessitated a close proximity to her mistress, the lady’s maid was often mistrusted and generally disliked by the lower servants, who possibly felt that she was haughty, or might “tattle” on them. Often, this treatment of the lady’s maid caused her to feel isolated, as if she didn’t quite fit into either world: her position allowed privileges of comfort and luxury not enjoyed by the lower servants, yet no matter how high-ranking her position was, her station remained among the “poor domestic servants”.
To qualify for the position, the lady’s maid was to be neat in appearance; have stronger verbal skills; be pleasant; be able to read and write well; be proficient with her needle and handwork; and was expected to tell the truth, without gossiping. Honesty was an absolute necessity, as the lady’s maid would be handling her mistress’ clothing, jewels and personal items.
The daily duties of the Lady’s Maid included helping her mistress dress and undress, and maintaining her mistress’ wardrobe, including laundering the most delicate items and using her dressmaking skills to create new articles of clothing for any and all occasions. In addition, the lady’s maid prepared beauty lotions for her mistress’ delicate skin, and she styled her mistress’ hair.
Although the tasks and duties of the Lady’s Maid were not as physically taxing as those of the lower servants, she was most definitely at her mistress’ bidding—all day, every day—and she maintained a certain fear of losing her place as she aged. Because most mistresses preferred their personal maids to be young (and this was reflected by the lady’s maid’s salary growing smaller each year she grew older), unless the position of “Housekeeper” became available and she could step into it, (although this method of promotion was not very popular with the other servants), the future of the middle-aged lady’s maid was indeed grim.

La garde-malade (home nurse)

     C'est une infirmière privée, qui s'occupe des maîtres dont la santé est souffrante. Elle n'est embauchée qu'à titre temporaire, mais est logée dans la demeure.

Le petit personnel

• La nurse / nourrice / bonne d'enfants (nurse) : Elle s'occupe des enfants en bas âge, jusqu'à ce qu'ils soient confiés à la gouvernante. Les Anglais appellent une nourrice qui allaite les enfants une wet-nurse, pour la différencier de la nurse qui se contente de les éduquer.

• Les bonnes (maids) : Elles s'occupent du ménage, et sont souvent spécialisées dans les grandes maisons. Les Anglais distinguent les parlormaids, chargées de l'époussetage, du nettoyage de l'argenterie, de mettre la table et de servir les repas ; les chambermaids qui nettoient et rangent les chambres et les salles de bain ; et les housemaids qui font le ménage et la couture. Dans les plus grandes maisons, elles sont supervisées par une bonne d'étage. Les petites bonnes ou bonnes à tout faire (maid-of-all-work) sont affectées aux gros travaux : faire chauffer l’eau des bains et des lessives, entretenir les parquets, faire les vitres, laver le linge, cirer les chaussures, vider les pots de chambre.

Housemaid : Under the supervision of the Housekeeper, there were several house maid positions, including parlour maids, chambermaids, laundry maids, still-room maids, “between maids”- these maids performed double-duty as both kitchen and housemaid, and maids-of-all-work. These were the employees who really maintained the house.
Each had their own set of duties and responsibilities, which included lighting fires and keeping them stoked, bringing up clean hot water for washing and bathing, and removing the dirty water after (four times a day—before breakfast, at noon, before dinner, and at bedtime); emptying and cleaning chamber pots; thoroughly cleaning all the public rooms of the house, making beds, sweeping, dusting and cleaning the bedrooms, as well as all the other rooms and areas of the house, scrubbing floors on their hands and knees, sweeping ashes, cleaning and polishing grates, candlesticks, marble floors and all the furniture,, brushing carpets and beating rugs, washing loads of laundry, which needed to be soaked, blued, washed, rinsed, rinsed again, wrung out, hung to dry and then ironed.
The housemaid’s work was back-breaking and exhausting, more so than we can truly imagine.
There were lamps to clean and fill, each and every day, and because the working area was in the basement, maids frequently had to lug hot water up to the third floor of the house where the bedrooms were. In addition, in order to tend the fires in the house and keep them lit, a maid also had to carry loads of coal up each flight of stairs to all the fireplaces in the house.
Indeed, the housemaid’s day was long, intensive and painfully strenuous, beginning at 6:00 a.m. when she rose and dressed, then made tea for the Lady’s Maid and Housekeeper and served them by 6:30 a.m. on until 10:30 p.m. or later, when she could finally retire for the night with the house completely in order and ready for her to start all over again the following day.

MAIDS-OF-ALL-WORK

In smaller households, they might only have afforded one servant: a “maid-of-all-work” the most common form of English domestic servant.
She was typically a very young girl, whose day began at 6:00 or 6:30 a.m. and ended about 11:00 p.m.
She was expected to carry out, all on her own, the work that in larger households was completed by a full range of very busy servants, that is, the work of: the housemaids, nursemaid, parlour maid, chambermaid, cook, lady’s maid, etc.
With all the scrubbing, cleaning, cooking, caring for children sweeping, dusting, and on and on, that was required by each of those positions

THE SCULLERY MAID
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Scullery maids worked in the kitchen, assisting the kitchen maids and the cook.
They were in charge of scrubbing pots and pans, and cleaning dishes and utensils after each meal of the day, as well as afternoon and evening tea.
These young girls fell at the very bottom of the ladder in both status and respect, yet they slaved away each day, while the upper servants mocked or ridiculed them and members of the household literally paid them no attention at all.

• La lingère (laundry-maid) : Dans une grande maison, c'est la bonne plus spécialement chargée de laver et d'entretenir le linge de la maison.

• Les filles de cuisine (scullery maids): Elles allument les fourneaux, portent des seaux d’eau, épluchent les légumes, lavent la vaisselle et aident en général la cuisinière à préparer les repas.

• Les valets de pied / laquais (footmen, lackeys): ce sont les hommes à toute faire de la maisonnée. Ils portent les bagages, tirent de l'eau au puits, sont responsables du bon fonctionnement des poêles, nettoient et vident les latrines, nourrissent les chiens du maître. Ils accompagnent ce dernier à la chasse et prêtent plus généralement main-forte à tous ceux qui ont besoin d'aide. De temps en temps (et spécialement en Prusse), ils servent de gardes. Le laquais est un valet en livrée, choisi pour sa prestance et sa belle apparence.

THE FOOTMAN

Directly below the butler was the footman. If more than one footman was employed, they were distinguished as “First Footman”, “Second Footman”, etc., and they were typically placed in rank according to their height, size and good looks. Most footmen were over six-feet tall, and additional inches could add additional income. Often footmen were matched in size to maintain conformity in their joint appearance, and they were trained to act in unison, or in perfect harmony.
The footman’s position was indeed multifarious, and included a wide variety of duties that ranged from accompanying the mistress in her carriage as she paid calls or went shopping, to polishing the household copper and plate; or from waiting at table, to cleaning knives, cutlery, shoes and boots.
the duties of the ‘First Footman’ (who was frequently referred to as “James” or “John”, no matter what his real name might have been), would have included acting as the Lady’s personal footman. That is, among his other duties, he would have prepared her early morning or breakfast tray; cleaned her shoes; brushed any mud off her dress hems and riding habits; paid small charges of her traveling expenses such as toll gates and handsome cabs (he could reclaim these expenses from the House Steward); and if she owned a dog, he would be the one to take it for a walk. He would also accompany her when she went out in the carriage, sitting on the box with the coachman (then in later days, with the chauffer), and would open and close for her the carriage door, as well as the door to any stores she entered, unless there was already a doorman. He waited for her return, carried any packages for her, and once he helped her back into the carriage, he covered her knees with a blanket or fur rug. When the mistress went calling and no one was at home, she waited in the carriage while the footman left her visiting card at the front door.
The ‘Second Footman’ acted as valet to the eldest son, and sometimes to the master, himself. He was responsible for laying the luncheon table; he cleaned all the mirrors in the household; he carried coal and wood, and similar tasks, unless there was a “Third Footman’, in which case jobs of heavier labour would fall to him while he gained experience in pursuit of advancement in rank.
Other general duties of the footman included trimming lamps; running all errands; carrying coal; lighting the house at dusk; cleaning silver and gold; answering the drawing room and/or parlour bells; announcing visitors; waiting at dinner; attending the gentlemen in the smoking room following dinner; and attending in the front hall as dinner guests were leaving.
Because of their public exposure at dinner and to guests, footmen were expected to be the most presentable of the male servants. In addition to there being an “ideal height” requirement for footmen, they were also assessed on their appearance in “full livery” (Uniform), which for outdoors consisted of an ornate tail coat, knee breeches, stockings, white gloves, buckled shoes and powered hair with cocked hat. For indoors their livery was sometimes a bit less formal. Instead of a tail coat and buckled shoes, they usually wore a dress coat and pumps. Later in the century it was more common to see a uniform o f white tie and tails with brass buttons that were stamped with the family crest.

• Le garçon de course (page) : Il est chargé de porter les lettres, d'aller chercher les achats des maîtres, de porter les cartes de visite.

• Le cocher / le postillon / le chauffeur (coachman, driver): Il est chargé de véhiculer les maîtres, que ce soit dans une calèche ou une automotive. Le cocher conduit l'attelage assis sur un siège, le postillon monte le cheval pour conduire l'attelage « à la d'Aumont ». Le cocher soigne les chevaux des maîtres, les conduit et enseigne l’équitation. Il est souvent chargé des petits travaux de réparation dans la maison.

• Le groom : Jeune laquais d'écurie, voyageant à l'arrière sur un marche-pied des voitures hippomobiles. Il ouvre la portière, aide les dames à descendre, porte leurs paquets dans les coffres...

• Le palefrenier / garçon d'écurie (stable boy): Il est chargé de l'entretien des écuries, s’occupe des chevaux et de la basse-cour, scie et coupe du bois pour le chauffage, fait les travaux de jardinage, doit s’assurer que le chemin qui mène au château est en bon état et que l’escalier est bien accessible. Lors des sorties, il s’assoit à côté du cocher.

• Le jardinier (gardener) : Il soigne et entretient les jardins.

• Le garde-chasse (game-keeper) : Il veille sur le parc et les bois du domaine, empêche les braconniers de sévir et veille à l'entretien du gibier. Il prépare les chasses du maître et l'y accompagne.

Gages

     À l'époque victorienne, les domestiques reçoivent un salaire assez faible, car ils sont nourris, logés, blanchis eet habillés. Les gages sont en moyenne de 10 livres sterling de l'époque par an (environ 10 euros). Comme la plupart des maîtresses de maisons préfèrent avoir une femme de chambre jeune, le salaire de la camériste va plutôt en diminuant, au fur et à mesure qu'elle vieillit.
     En 1888, un majordome gagne environ £45 par an, et n'a aucune dépense à l'exception de ses vêtements. Il peut améliorer son ordinaire par quelques avantages en nature, comme se voir offrir des rabais par les commerçants qui veulent continuer à recevoir les commandes de la maisonnée. Il a aussi le droit de récupérer les restes de bougie et une bouteille de vin pour six bouteilles ouvertes.
     Voici quelques exemples de gages versés au personnel féminin dans les années 1890 en Angleterre.

Fonction

Age moyen

Gages annuels

Bonne à tout faire

19

£10 - 7s

Fille de cuisine

19-20

£13 - £15

Bonne (housemaid)

20-25

$16 - 2s

Bonne (parlormaid)

25-30

$20 - 6s

Cuisinière (aide)

25-30

£20 - 2s

Femme de chambre

30-36

£24 - 7s

Cuisinière / intendante

40

£35 - 6s

Intendante

40

£52 - 5s