-
Une dame ne fait jamais de scène en public.
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Une dame ne fume jamais, et ne joue pas d'argent.
-
Une dame ne reste jamais seule avec un gentleman plus
de cinq minutes.
-
Une dame reste polie et gracieuse sous le feu, répondant
à la grossièreté par des réparties pleines d'esprit.
-
Une dame ne croise jamais les genoux, mais les tient
côte à côte.
-
Une dame ne rend jamais visite à un gentleman,
sauf pour raison professionnelle ou d'affaires.
-
En voyage, aux eaux ou au casino, une dame n'accepte
pas une invitation quelconque, même à danser, d'un inconnu.
Si elle danse avec les personnes faisant partie de sa société
habituelle, elle doit conserver son chapeau.
-
Une dame ne lit pas le journal et ne parle jamais
de politique, que ce soit chez elle ou dans les réceptions.
- Quand une dame est présentée à un gentleman, elle
ne doit jamais lui tendre la main. Elle s'incline poliment en disant, "Je
suis heureuse de faire votre connaissance."
- Une jeune fille signe ses lettres uniquement de son prénom.
-
Un homme en civil doit offrir son bras gauche en toutes
circonstances à la femme qu'il accompagne. Il conserve ainsi l'usage
libre de sa main droite, qui pourra lui servir pour protéger la dame
se confiant à ses soins, disperser la foule pour lui frayer le chemin,
écarter un insolent, manuvrer le siège qu'elle doit
utiliser.
-
Un homme en uniforme portant le sabre offrira son
bras droit pour que son arme ne gêne pas sa cavalière. Il pourra
aussi, si nécessaire, dégainer son arme sans la gêner.
- Un gentleman reste debout tant que toutes les dames ne sont pas assises.
-
Un gentleman ne fume jamais devant une dame, avant
que celle-ci ne l'ait invité à le faire.
-
Un gentleman ouvre toutes les portes à une
dame, et tire les chaises pour qu'elle puisse s'asseoir...
-
Un gentleman ne parle pas de sa maîtresse ou
de sports vulgaires en présence d'une dame, surtout si c'est une
jeune fille.
-
Un gentleman ne retire jamais sa veste ou sa cravate
quand il est bonne compagnie.
-
Un gentleman, qui escorte une dame quelque part, prend
sa pelisse et son bonnet puis les tend à un domestique.
-
Un gentleman ne jure jamais en présence d'une
dame.
-
En voyage, aux eaux ou au casino, un gentleman étant
avec sa famille n'ira pas inviter une dame qui lui serait étrangère.
S'il le fait, ce qui serait très incorrect, il ne la présentera
pas aux siens.
-
Un gentleman s'incline quand il est présenté
à un inconnu ou qu'il rencontre une relation. Il ne sert la main
qu'à ses amis ou à une personne adressée par un ami
commun. Il peut faire une exception, dans un mouvement bienveillant, charitable,
pour encourager ou mettre à l'aise un visiteur. On ne sert pas la
main à la fin d'une première entrevue si l'on ne souhaite
pas entretenir de relation ultérieure avec la personne.
-
Un gentleman ne tend pas en premier la main à
une dame ou à un supérieur. Il attend qu'on la lui offre.
-
Une visite formelle permet de se présenter,
et d'être admis ensuite dans la société de la personne
visitée (pour entrer dans certains cercles sociaux, faire des affaires,
etc.). L'après-midi, la vie sociale se résume à une
suite de visites où l'on laisse sa carte dans chaque maison sur un
plateau d'argent. L'hôtesse reçoit ses visiteurs dans une robe
d'après-midi délicieuse, s'occupant d'un ouvrage de dentelle
ou de broderie, rédigeant son courrier ou dessinant.
-
Les visites formelles peuvent être de plusieurs
types : de cérémonie, de convenance, de noces, de digestion,
de congé et de retour, d'arrivée.
-
La visite de cérémonie est due entre
officiers d'un même régiment, magistrats d'un même tribunal,
fonctionnaires d'un même ministère (et entre leurs épouses).
Elle est obligatoire au nouvel an, à l'arrivée, au départ.
Elle doit aussi s'effectuer auprès des autorités civiles d'une
localité. L'inférieur rend visite au supérieur, qui
doit lui rendre la visite dans les huit jours.
-
La visite de convenance se fait tous les deux, trois
mois auprès de ses connaissances. Elle doit être rendue.
-
La visite de digestion a lieu dans les huit jours
qui suivent un dîner, un bal ou un mariage auquel on a été
invité, que l'on se soit rendu ou non à l'invitation. Cette
visite n'est pas rendue.
-
La visite de noces est effectuées par les jeunes
mariées au retour de leur voyage de noces, auprès des personnes
qui leur ont envoyé un présent, qui ont assisté à
la cérémonie nuptiale ou qui se sont excusées de ne
pouvoir y paraître. Un célibataire masculin ne reçoit
que la visite du mari.
-
La visite de condoléances a lieu généralement
six semaines après le décès.
-
Les visites de congé et de retour se font lorsque
l'on part en voyage, et que l'on en revient, pour indiquer son absence ou
sa présence en ville.
-
La visite d'arrivée se fait lorsque l'on arrive
dans un pays ou une ville, et que l'on désire se présenter
pour nouer de futures relations. On n'effectue une nouvelle visite que si
la précédente a été rendue. Une personne polie
qui ne souhaite pas rendre une visite envoie sa carte.
-
Lors d'une visite formelle, on remet sa carte au majordome
et l'on attend qu'il vienne vous annoncer que votre hôte ou votre
hôtesse est présent et peut vous recevoir.
- Lorsque la personne visitée réside à l'hôtel,
il et préférable d'inscrire son nom au dos de la carte, pour
éviter les erreurs. Il ne faut jamais le faire dans une résidence
privée.
- Dans une grande ville, on doit rendre visite au moins une fois par
an à ses relations, et faire des visites supplémentaires chez
toutes les personnes qui ont envoyé des invitations.
- Il est incorrect qu'un gentleman rende visite à une dame s'il
n'en a pas reçu préalablement la permission.
-
Une visite formelle dure rarement plus de quinze minutes.
- On ne retire pas ses gants lors d'une visite formelle.
-
Un gentleman qui désire qu'une dame l'accompagne
au spectacle doit lui envoyer une invitation au moins un jour à l'avance.
L'invitation doit être écrite à la troisième
personne, sur du papier blanc de la meilleure qualité, et envoyée
dans une enveloppe assortie. La dame doit répondre immédiatement,
pour laisser le temps au gentleman de trouver une autre compagne si elle
ne peut accepter l'invitation.
-
Dans certains théâtres, une toilette
de rigueur est mentionnée sur le billet.
- En entrant dans la salle de spectacle, un gentleman doit marcher à
côté de la dame qu'il escorte jusqu'aux sièges. Si la
largeur de l'allée ne le permet pas, il doit la précéder.
- Un gentleman escortant une dame au spectacle doit lui fournir un programme
(ou un livret, à l'opéra).
-
Quand on pénètre dans une loge, on laisse
sa canne à l'ouvreuse. En la reprenant, on lui donne quelque menue
monnaie.
-
La place d'honneur dans une loge de face est à
droite, et à gauche pour le côté droit du théâtre.
-
Dans une loge, les dames sont placées sur le
devant, les hommes derrière elles.
-
On ne doit pas entrer ni sortir durant un passage
important, ou faire du bruit. Attirer l'attention est toujours un manque
de savoir-vivre.
-
Dans sa loge (surtout si c'est une loge d'abonnée),
une dame est chez elle. Un gentleman ne peut donc se permettre de lui faire
envoyer d'un café ou glacier ni glace, ni sirop sans son autorisation,
mais rien n'empêche qu'il apporte lui-même une boite de fruits
frappés. Pas de fleurs, tout à fait vieux jeu, ou d'un genre
douteux.
-
Invité dans une loge d'abonné, on n'est
pas tenu de donner de pourboire à l'ouvreuse (mais un pourboire offert
ne sera pas refusé).
-
Les ouvreuses reçoivent des abonnés
des étrennes au Jour de l'An comme les serviteurs.
-
Les gentleman peuvent faire des visites d'une loge
à l'autre, mais pas les dames, surtout si elles sont décolletées.
-
Une dame s'aventure rarement au foyer à moins
de ne pas connaître le théâtre et de désirer voir
un objet d'art s'y trouvant.
-
Les dames se retrouvent à la sortie sous le
péristyle.
-
L'entrée et la sortie du théâtre
sont deux circonstances où un gentleman peut offrir son bras à
une dame.
- En raccompagnant une dame jusqu'à sa demeure après le
spectacle, un gentleman peut lui demander la permission de lui rendre visite
le lendemain. La dame devrait la lui accorder, pour lui montrer le sincère
plaisir que lui a procuré son invitation.
On ne doit paraître que dans un équipage
correctement attelé, ayant deux hommes sur le siège.
-
Il est toujours incorrect, pour une dame seule, de
fréquenter les allées où la mode fait défiler
toutes les élégances, si elle n'est pas accompagnée
; si elle est seule, elle devra faire une promenade à travers le
bois, loin du mouvement mondain, afin de n'être pas confondue avec
les professionnelles de la vie parisienne.
-
Lorsque, dans le défilé, on croise des
personnes de connaissance, on se salue une première fois et si l'évolution
produit une nouvelle rencontre, on ne salue plus.
-
Il n'est guère admis de recommencer plusieurs
fois le tour des allées ; on va ; on revient, et si l'on éprouve
le désir de continuer la promenade, on parcourt d'autres allées.
-
Il est incorrect de paraître en fiacre à
l'heure du bois, au milieu de la foule élégante. Si l'on éprouve
le besoin de faire un tour de bois et que la situation ne permette pas le
luxe d'un équipage, on s'égare dans les allées moins
fréquentées, en évitant soigneusement le défilé.
- Un gentleman à cheval qui rencontre une dame désirant
lui parler doit descendre de sa monture et marcher à ses côtés
pour discuter.
- Lorsqu'un gentleman accompagne une dame pour une promenade à
cheval, il doit l'aider à monter en selle et à descendre. Il
ne doit pas laisser ce soin à un domestique.
La place d'honneur est au fond de la voiture, à
droite.
-
Lorsque deux amies ou parentes sortent ensemble et
que la voiture est rangée contre le trottoir de droite, la propriétaire
de l'équipage monte la première, afin de laisser la place
d'honneur à son invitée.
-
Lorsqu'un gentleman accompagne une dame, il doit toujours
lui laisser la droite et le cocher devra faire attention de ranger sa voiture
dans le sens voulu pour que l'homme ne soit pas forcé d'en faire
le tour.
-
Les places de devant sont un peu sacrifiées;
on y met les enfants. Un homme doit s'y asseoir en accompagnant deux dames.
Un père donne volontiers la place de droite à sa fille.
-
Lorsqu'il y a plusieurs dames âgées et
que la propriétaire de la voiture est très jeune, elle prend
une des places de devant ; autrement, une dame de qualité conserve
toujours sa place.
-
Un homme garde son chapeau en voiture, même
en présence d'une dame.
-
Une dame n'accepte pas de se promener dans la voiture
d'un gentleman, à moins de circonstances particulières.
-
Quand une dame sort en voiture, elle emmène
son valet de pied qui l'attend dans l'antichambre de la maison où
elle fait une visite. Celui-ci est encore nécessaire pour un landau
; si l'on conduit soi-même, on emmène un groom.
- Un gentleman descend le premier de la voiture, pour aider ensuite
les dames à descendre. Les dames placent leurs mains sur les épaules
du gentleman, et celui-ci les soutient au niveau des coudes.
Titre (par rang décroissant)
|
Adresse
|
Empereur, impératrice
|
Votre Majesté
|
Roi, reine
|
Votre Majesté
|
Prince consort
|
Votre Majesté
|
Prince de la Couronne
|
Votre Altesse Royale
|
Grand-duc du Luxembourg
|
Votre Altesse Royale
|
Prince, princesse
|
Votre Altesse
|
Grand maître de l'Ordre de Malte
|
Votre Altesse Éminentissime
|
Cardinal
|
Votre Éminence
|
Archevêque
|
Votre Excellence, (GB) Votre Grâce
|
Grand-duc
|
Monsieur, (GB) Votre Grâce
|
Duc, duchesse
|
Monsieur, Madame, (GB) Votre Grâce
|
Dragon
|
Monsieur, Madame, (GB) Mylord, Mylady, Votre Grâce
|
Faë
|
Monsieur, Madame, (GB) , Votre Grâce
|
Marquis, marquise
|
Monsieur, Madame, (GB) Mylord, Mylady
|
Évêque
|
Monseigneur, (GB) Votre Grâce
|
Earl (GB)
|
Lord, Lady (localité),Votre Grâce
|
Comte, comtesse
|
Monsieur, Madame, (GB) Mylord, Mylady + (nom)
|
Baron, baronne
|
Monsieur, Madame, (GB) Mylord, Mylady
|
Baronnet (GB)
|
Sir + (prénom)
|
Chevalier
|
Monsieur, (GB) Sir + (prénom)
|
Général, amiral
|
Grade + (nom)
|
Colonel, capitaine de navire
|
Grade + (nom)
|
Autre membre du clergé
|
Monsieur
|
Ambassadeur
|
Votre Excellence
|
Académicien, avocat, nain
|
Maître
|
Qu'est-ce qu'un gentleman ?
(par John Henry Cardinal Newman, The Idea of a University - 1852)
Par définition, un gentleman est une
personne qui n'inflige aucune souffrance. Cette description est à la
fois raffinée et précise. Le gentleman est surtout préocuppé
par le souci d'ôter les obstacles qui gênent ceux qui l'entourent,
afin de les libérer de toute contrainte. Et il préfère
suivre leur élan plutôt que de prendre lui-même l'initiative.
Son action peut être comparée à ce que l'on
appelle communément les conforts, ou les commodités de nature personnelle :
une chaise confortable ou une bonne flambée qui dissipent le froid et la fatigue,
même si la nature sait parfaitement se passer d'eux pour offrir à l'homme
le moyen de se reposer et de se réchauffer.
De même, le vrai gentleman évite soigneusement
tout ce qui peut provoquer un choc ou une inquiétude dans l'esprit de ceux
qui sont en sa compagnie ; tout heurt d'opinion ou collision de sentiments,
toute contrainte, suspicion, tristesse, ou ressentiment ; son grand souci
est de mettre tout le monde à l'aise. Il garde les yeux sur toute l'assemblée
; il est affectueux avec les timides, aimable avec les gens réservés et clément
avec les originaux. Il doit se souvenir à qui il parle pour se garder des
allusions déplacées, ou des sujets qui risquent d'irriter.
Un gentleman n'accorde aucune importance aux
faveurs qu'il octroie. On dirait même que c'est lui qui en reçoit une quand
il rend service. Il ne parle jamais de lui-même sauf si on l'y oblige, ne
se défend jamais en se contentant d'une réplique ; il n'écoute pas les médisances
et les ragots, est scrupuleux quand il cherche les motifs de ceux qui interfèrent
dans ses projets, et interprète toujours les choses sous leur meilleur jour.
Il n'est jamais perfide ou mesquin dans ses
disputes, ne tire jamais parti d'un avantage ou d'un privilège, ne confond
jamais un argument avec un commentaire personnel ou une remarque acerbe, et
ne fait jamais une insinuation s'il ne peut pas dire toute la vérité. Circonspect
et prudent, il fait sienne la maxime des anciens sages, disant qu'il faut
toujours se conduire envers un ennemi comme s'il devait un jour devenir un
ami.
Il a trop de bon sens pour être offensé par
une insute, est trop bien élevé pour se souvenir d'une blessure, et est trop
indolent pour chercher à faire le mal. Il est patient, endurant et résigné,
d'un point de vue philosophique. Il se soumet à la douleur car elle est inévitable,
à l'affliction d'un deuil car il est irréparable, et à la mort car c'est sa
destinée. Si jamais il s'engage dans une controverse quelconque, son intellect
discipliné le protège des bévues.