Qui donc est cet homme que tous ses voisins haïssent ? Le cerveau de l'invasion prussienne ? Un brillant stratège et un fin tacticien politique ? Le Metternich de cette ère ? Ou, tout simplement, le maître absolu du nouvel état germanique industriel ?
Mettons les choses au clair : Otto von Bismarck n'est pas le Mal incarné. Il est certes impitoyable, perfide et extrêmement dangereux, mais ce n'est pas le Mal. Si vous voulez rencontrer le Mal incarné, voyez l'Adversaire, le souverain des Unseelie. Bismarck a juste un plan pour unifier l'Europe Centrale et ne laissera personne se mettre en travers de son chemin.
Bismarck commença sa carrière dans la moyenne noblesse, appelée le Junker. En tant que membre d'une société militariste,il apprit que la force fait le droit et qu'encore plus de force donne encore plus de droits. Depuis, c'est un précepte qu'il respecte soigneusement dans toutes ses actions.
Rebuté par la vie austère d'officier de carrière, le jeune Bismarck suivit des études d'administration politique. Il passa la plus grande partie de ses études universitaires à participer à des beuveries et à des duels (ce qui n'était pas un comportement indigne pour un étudiant allemand), au point de gagner le surnom de der Tolle Bismarck (Bismarck le sauvage). Il réussit ses examens sans difficulté et gravit les échelons de la carrière diplomatique jusqu'à ce que l'ennui l'atteigne à nouveau. Il regagna alors le domaine familial où il se languit pendant quelques années. Son étoile ne commença à briller quand lorsqu'il se mêla de la politique de la Prusse. Avec son physique d'ours, ses manières brutales et arrogantes, il écrasa la plupart de ses adversaires politiques, défiant en duel ceux qu'il ne pouvait pas intimider. Bien qu'il encourut une période de disgrâce pendant la période révolutionnaire de 1848, il regagna vite le pouvoir et devint la puissance majeure derrière le trône de Prusse. C'est en cherchant à convaincre son souverain d'accepter la couronne d'empereur, qu'il eut pour la première fois l'idée de forger un empire par la conquête.
Vers 1860, Bismarck, devenu entre-temps chancelier, avait réussi à tenir sous sa coupe pratiquement tout le gouvernement prussien. Quelqu'un a dit : "À Berlin, le souverain règne et Bismarck gouverne;" Ce fut alors que le seigneur des Unseelie remarqua cette jeune étoile montante et commença à lui fournir une assistance secrète sous la forme d'espions, d'informations technologiques et de sorcellerie. Des avents unseelie infiltrèrent le gouvernement et soutinrent la politique du chancelier, n'hésitant pas à se débarrasser des opposants de façon fort déplaisante (et souvent fatale). Sous l'action concertée du Chancelier de Fer et de la Cour Sombre, l'armée prussienne prit une envergure phénoménale. Les nouvelles forteresses d'assaut commencèrent à sortir des usines de Dresde et toute la nation attendit le signal pour se lancer dans l'action le moment venu.
Ce moment arriva quand les Prussiens, soutenus par les troupes autrichiennes, firent traverser à leurs toutes premières forteresses la frontière danoise et s'emparèrent des petites provinces de Schleswig et de Holstein. Une guerre continentale fut évitée in extremis par l'habile diplomatie britannique, mais au prix de l'annexion des deux provinces par la Prusse. Toute la Nouvelle-Europe commença alors à fortifier ses frontières et à craindre ce nouvel acteur de la scène internationale, pugnace, bien armé et qui jouait dorénavant dans la cour des grandes puissances.
Note: Il ne faut pas oublier que si les Unseelie ont fourni à Bismarck une technologie avancée, des espions faë et un grand nombre de conseils, c'est que leurs vraies intentions sont d'utiliser l'indomptable chancelier et ses irrésistibles armées pour conquérir le monde afin d'asservir l'humanité à travers un empire fantoche qui gouvernerait par le fer et le sang.
Le Bismarck d'aujourd'hui est plus vieux, plus sage, mais toujours aussi impitoyable. Avec un réseau d'espionnage inégalé dans le monde entier, une avance technologique de dix ans sur l'Angleterre et de vingt ans sur toutes les autres nations, des hors d'Unseelie prêts à exécuter les basses besognes surnaturelles, le Chancelier de Fer est craint par ses proches voisins qui s'attendent à tout moment à voir les corps d'armées de panzers franchir leurs frontières. Il est prudemment respecté par les empires les plus grands et les plus éloignés du continent. Le rusé Bismarck est prêt à tremper dans le chantage, l'assassinant et la trahison pour arriver à ses fins.
La plupart des gens raisonnables craignent Bismarck, et pas seulement à cause de ses ambitions politiques. Le personnage lui-même est intimidant. Il ne nuit pas à un homme de sa trempe d'être bâti comme un ours, de mesurer plus d'un mètre quatre-vingts, d'avoir une voix posée et menaçante et une moustache en bataille taillée à la gauloise qui lui donne un air terrible. Ajoutons pour parfaire la description du personnage qu'il a eu un grave accident de chasse pendant sa jeunesse tumultueuse et que son bras gauche a été remplacé par une effrayante prothèse en acier qui fonctionne à l'aide d'un mécanisme d'horlogerie, lui permettant d'avoir une poignée de main pour le moins vigoureuse ainsi qu'une collection de gadgets intégrés (dont un derringer incorporé constitue seulement une des surprises) à faire pâlir d'envie James Bond. En dépit de tout cela, Bismarck peut se révéler un personnage charmant. C'est un esprit cultivé et extrêmement fin. Il a des manières courtoises et un don inné pour flatter les dames, qui le rend très populaire dans les soirées. En somme, si vous devez avoir forcément le rôle du méchant, pourquoi ne pas le faire avec style ?
Limité par les ressources de son pays, le Bismarck historique avait comme seul but l'hégémonie sur tous les états allemands. Mais le Bismarck de la Nouvelle-Europe a beaucoup plus d'ambition et beaucoup plus de projets. Dans son esprit, si une Allemagne unie est une bonne chose, une Nouvelle-Europe unifiée (sous la loi prussienne) ne peut être qu'une chose encore meilleure. Et ceci entre bien sûr dans les plans du seigneur des Unseelie pour subjuguer toute l'humanité en la faisant s'entre-déchirer.
Mais Bismarck est aussi un politicien impitoyable, un comploteur machiavélique et un adversaire mortel. Ses agents secrets, triés sur le volet, sont partout, faisant avancer ses plans ignominieux et tenant à l'il ses opposants. En tant que chancelier, sa politique brutale de "Fer et de Sang" fait planer sur toute l'Europe terrifiée le spectre de la première guerre mondiale. En Prusse, la présence du roi Guillaume Ier n'a pas suffi à empêcher le rusé chancelier d'interdire la liberté de presse, de museler le parlement, de mettre des agents de la police secrète à chaque coin de rue et d'allumer une série de conflits qui menacent d'entraîner toute l'Europe dans la guerre.
Otto von Bismarck est sans le moindre doute la bête noire du roi Ludwig. Le chancelier de Prusse, ce voisin agressif situé à la frontière nord de la Bavière, est l'architecte des vaniteuses ambitions impériales de sa nation. Sachant que le but de Bismarck est d'absorber dans un premier temps tous ses voisins proches, puis d'annexer le reste du continent et de former ainsi un grand empire germanique, il est inévitable que, tôt ou tard, les Prussiens tenteront d'envahir la Bavière. Tout le monde en Europe soupçonne Bismarck d'être le cerveau qui manuvrait dans l'ombre du régent de Bavière. Le colonel Tarlenheim pense aussi qu'il fut mêlé au mystérieux accident de yacht du prince Ludwig, qui entraîna sa disparition pendant de nombreuses années. Comme vous pouvez le supposer, il y a peu de place pour l'affection entre le Chancelier de Fer et le roi de la maison des Wittelsbach.
Génie mégalomane
: Agilité [BON], Charisme [BON], Escrime [EXC], Instruction [BON], Mêlée
[EXC], Physique [EXC].
52 ans en 1867
Par sa naissance, Otto Eduard Leopold,
comte puis prince de Bismarck-Schönhausen, duc von Lauenburg, appartient
à une famille de la noblesse terrienne prussienne, une famille de Junkers,
traditionnellement conservatrice, militariste et dévouée au souverain.
Après des études secondaires à Berlin et des études
de droit à Göttingen, en 1832, et à Berlin, en 1833,
il entame en 1836 une carrière administrative, qu'il délaisse
bientôt pour gérer les domaines familiaux de Kniephof, en Poméranie,
et de Schönhausen. Ses débuts politiques sont modestes: élu
député au Landtag uni de Prusse convoqué par Frédéric-Guillaume IV,
il s'y fait remarquer par son hostilité au mouvement révolutionnaire.
Cette attitude lui vaut d'être nommé ambassadeur de Prusse à
la Diète fédérale de Francfort, de 1851 à 1858:
chargé de rétablir de bonnes relations entre la Prusse et l'Autriche,
opposées depuis les années 1848-1850, il en constate bien
vite l'impossibilité et se dit convaincu qu'il n'y a pas place en Allemagne
pour deux nations aussi puissantes dont l'affrontement lui paraît inéluctable.
Sa présence à Francfort n'étant plus justifiée,
on lui confie l'ambassade de Saint-Pétersbourg, de 1859 à 1862,
avant de le nommer à Paris. C'est alors qu'il est rappelé en Prusse,
au mois de septembre 1862, pour aider le roi Guillaume Ier à
dénouer le conflit d'ordre constitutionnel qui l'oppose au Landtag, ce
dernier refusant au souverain les crédits militaires nécessaires
au renforcement de l'armée.
Ministre-président, Bismarck brise la résistance
du Landtag et fait lever les impôts par décrets; en même
temps - il s'est attribué aussi les Affaires étrangères
- il prépare l'éviction de l'Autriche de la Confédération
germanique. L'affaire des Duchés, en 1864, bien que menée
en commun avec l'Autriche, lui permet de placer la Prusse en meilleure position
que sa rivale dans l'opinion allemande; elle fournit aussi l'occasion du conflit,
qui finit par éclater entre les deux pays en 1866, selon le vu
de Bismarck. Au préalable, l'entrevue de Biarritz, avec Napoléon III,
en octobre 1865, lui a permis de signer avec l'Italie un traité
d'alliance qui contraint l'Autriche à se battre sur deux fronts. La puissance
danubienne est ainsi écrasée à Sadowa, le 3 juillet 1866.
La paix de Prague, le 23 août 1866, consacre son expulsion d'Allemagne,
mais elle ne comporte aucune clause humiliante pour le vaincu, sur lequel Bismarck,
soucieux de ménager l'avenir, espère pouvoir compter éventuellement.
La voie est libre pour la réorganisation de l'Allemagne: à l'exception
des États du Sud, Bavière, Wurtemberg, Bade, Hesse-Darmstadt,
elle forme une Confédération de l'Allemagne du Nord, que domine
la Prusse, et dont Bismarck devient le chancelier, tandis que les États
méridionaux ont accepté de se placer sous commandement prussien
en cas de guerre. Pour vaincre leur particularisme, Bismarck exploite avec habileté
les maladresses du gouvernement de Napoléon III, qui, effrayé
par la brusque révélation de la puissance prussienne, formule
de multiples et maladroites demandes de «compensations»: le «chancelier
de fer» n'a pas de peine à exciter le nationalisme allemand contre
cette politique de «pourboires» présentée, par lui,
comme l'expression d'un danger français. Combinant le réalisme
et l'astuce c'est l'épisode de la dépêche d'Ems,
qui clôt la candidature d'un Hohenzollern au trône d'Espagne
il pousse la diplomatie napoléonienne à un conflit armé.
Victorieuse, la guerre de 1870-1871 lui permet d'achever l'unité
allemande.
Après 1871, Bismarck s'attache à
consolider l'uvre accomplie. À l'extérieur, il cherche à
maintenir le statu quo en isolant la France: c'est dans ce but qu'il fait conclure
successivement: l'Entente des trois empereurs (Allemagne, Autriche, Russie),
en 1872; la Duplice, alliance entre l'Allemagne et l'Autriche contre la
Russie, en 1879; la Ligue des trois Empereurs, en 1881; la Triplice
(Allemagne, Autriche, Italie), en 1882. À l'intérieur, il
s'agit de faire de l'Empire un ensemble homogène et solide en luttant
contre tout mouvement de dissociation: les catholiques, les socialistes et les
minorités, Alsaciens-Lorrains et Polonais. Bien que la Constitution ne
lui en fasse pas obligation, Bismarck s'appuie sur le Reichstag, où il
dispose de majorités successives: les députés conservateurs
et les nationaux-libéraux le soutiennent dans le conflit, connu sous
le nom de Kulturkampf, qui l'oppose aux catholiques, de 1872 à 1878;
contre les socialistes c'est une coalition des conservateurs et du centre catholique
qui lui apporte ses voix, lors du vote des lois répressives de 1878
et d'une législation sociale destinée à priver les socialistes
d'une partie de leur électorat.
Bismarck ne réussit pleinement ni contre les
catholiques, ni contre les socialistes, pas plus qu'il ne parvient à
assimiler les Alsaciens-Lorrains et les Polonais.
Demeuré chancelier pendant le très
court règne de Frédéric III (9 mars-15 juin 1888),
qui avait succédé à Guillaume Ier, Bismarck conserve
son poste au début du règne de Guillaume II, mais des difficultés
surgissent vite entre les deux hommes: l'empereur n'approuve pas la politique
extérieure du chancelier, qu'il juge trop favorable à la Russie,
ni sa politique intérieure, dominée par l'hostilité à
l'égard des socialistes, qu'il ne partage pas. Il s'y ajoute une incompatibilité
de caractère: le jeune et bouillant souverain supporte de moins en moins
la tutelle du vieux chancelier, auquel il reproche de ne pas le tenir informé
de ses initiatives politiques. Bismarck propose, le 18 mars 1890,
sa démission, pensant qu'elle sera refusée: mais Guillaume II
le remplace aussitôt.
Il se retire alors dans son domaine de Poméranie,
où il meurt huit ans plus tard, non sans avoir manifesté son opposition
à la politique suivie après lui.
Appelé au pouvoir pour résoudre une crise intérieure, Bismarck apparaît d'abord comme un homme à poigne, bien plus que comme un diplomate. En fait, s'élevant au-dessus des problèmes immédiats, il montre très vite l'ampleur de son projet, qui est de faire l'unité allemande sous l'égide de la Prusse. Sa réalisation, en quelques années seulement, témoigne de son intelligence aiguë des situations et de son imagination politique, qui, mises au service d'une implacable volonté de domination, lui permettent de maîtriser l'événement et de lui imprimer sa marque. Otto von Bismarck, fondateur du IIe Reich, apparaît comme la plus forte personnalité de l'histoire de l'Allemagne, voire de l'Europe, dans la seconde moitié du XIXe siècle.