Inventeur américain du phonographe, de l'ampoule électrique, du mimographe, du papier de cire et de la caméra de cinématographe. L'inventeur des inventeurs, que même les Nains respectent. Étonnant, prolifique et têtu, il dirige actuellement une société d'ingénieurs-conseils et d'inventeurs à New York.
Inventeur : Instruction [BON],
Mêlée [FAI], Perception [EXC], Physique [BON], Technologie [EXT].
20 ans en 1867
Ce natif du Middle West américain
doit sa célébrité à une invention brevetée
en 1877 et qui lui est contestée : le phonographe, attribué aussi
au français Charles Cros. Edison avait la manie de déposer systématiquement
un brevet pour chacune de ses inventions, ce que ses concurrents ne faisaient
pas toujours, à tel point que les auteurs ne sont pas d'accord sur leur
nombre : 1.000 ou 2.000 ?
On peut se demander comment cet homme, dont l'ouie
fut altérée par la scarlatine jusqu'à la surdité
totale pour l'oreille gauche et une audition de 10% pour la droite, a pu concevoir
un procédé d'enregistrement et de reproduction sonore : il le
perfectionnera même plusieurs fois, en créant le microphone et
un amplificateur sonore. Edison ne considérait pas sa déficience
auditive comme étant un handicap, mais comme participant à sa
concentration intellectuelle. Il fut l'un des premiers lecteurs à fréquenter
la bibliothèque de Détroit, lisant les ouvrages à la suite,
étagère après étagère !
A l'actif de cet autodidacte génial, notons
encore la paternité de la lampe à incandescence, un ancêtre
du cinématographe, et l'amélioration du télégraphe.
Il a aussi découvert l'effet thermo-électronique
appelé effet Edison: c'est l'émission d'électrons par les
métaux chauffés. L'une de ses premières inventions brevetées,
une "machine à voter" en 1868, ne fut pas retenue par le Congrès
: elle comptabilisait les votes trop vite au goût des parlementaires !
Edison décida alors que ses créations répondraient avant
tout à une demande commerciale. On peut dire que cela lui a réussi
!
Thomas Alva Edison naquit à
Milan (Ohio, États-Unis) en 1847. Son père, d'origine néerlandaise,
était brocanteur, sa mère, d'origine écossaise, avait été
institutrice. Dans ce milieu modeste, rien ne destinait a priori Thomas Edison
à jouer un rôle éminent dans l'avancement des sciences et
des techniques. Parcours atypique que celui de ce génial inventeur et
homme d'affaires, aussi talentueux que retors.
Après l'installation de la famille Edison
à Port Huron (Michigan), le jeune Thomas Edison fréquente l'école
pendant trois mois. Il n'y retournera plus jamais: c'est sa mère qui
assurera désormais son éducation, et sans doute éveillera
en lui une curiosité toujours insatisfaite. À dix ans, il installe
un laboratoire dans la cave de la maison familiale; passionné de mécanique,
de chimie, de physique et d'électricité, auxquelles il s'initie
seul, il se tient au courant des dernières découvertes techniques.
Dès ses premières années,
le jeune Thomas montre des capacités peu banales pour la mécanique.
Il n'a pourtant que trois mois d'école publique à son actif et
des rudiments bien sommaires de calcul et de mathématiques. Cependant,
les leçons particulières prodiguées par sa mère
lui donnent les bases suffisantes pour se débrouiller dans la vie. Vif,
intelligent, imaginatif, il a les moyens intellectuels de pallier ses carences.
Mais il lui faudra beaucoup d'énergie et de force morale pour réussir.
Dès l'âge de douze ans, il vend des journaux dans les trains; mais
il ne se contente pas de cette tâche qui requiert pas de qualifications
: il achète une presse à imprimer d'occasion, et l'installe dans
le fourgon dont il dispose; il rédige et imprime son propre journal pendant
la marche du train, le Weekly Herald, qu'il vend aux voyageurs. Cela ne suffit
pas à son ambition. Et pendant ses moments de liberté, il s'instruit
en physique, mécanique et chimie. Ayant mis le feu au wagon dans lequel
il se livre à ses expériences, le jeune Edison doit bientôt
chercher un autre emploi. Pour le plus grand bien de la technologie.
En 1862, le bureau télégraphique
de Port Huron l'engage, et y trouve son avantage. En effet, le jeune savant
en herbe invente en 1864 un télégraphe duplex qui permet de transmettre
sur un même câble deux dépêches en sens inverse. Il
n'a que dix-sept ans. En 1868, il travaille à la Western Union Company,
à Boston, où son ingéniosité fait déjà
merveille, servie par une insatiable curiosité et un dynamisme étonnant.
Cependant, il tâtonne encore. Sa machine automatique à voter, par
exemple, se révèle un échec, faute de marché suffisant.
Dorénavant, Edison sera très attentif aux possibilités
de retombées commerciales de ses réalisations.
En 1869, désormais fixé à
New York, il s'intéresse de nouveau aux applications de la télégraphie.
Il se rend à la Bourse de Wall Street à New York pour y voir fonctionner
l'appareil de télégraphie utilisé pour transmettre les
cours de l'or. Mais l'appareil est en panne; Thomas Edison réussit à
le réparer. La compagnie Western Union l'embauche comme assistant de
l'ingénieur en chef; il fabrique alors un un télégraphe
multiplex pouvant transmettre et imprimer les cours des valeurs boursières.
Cet appareil, qui rencontre un succès commercial exceptionnel, permet
au jeune homme de créer puis de revendre une petite société,
la Edison Universal Stock Printer. Disposant désormais d'une confortable
aisance financière et d'une renommée incontestable, il peut se
consacrer entièrement à ses recherches.
Il ouvre un atelier à Newark (New Jersey)
où il fabrique un télescripteur, puis fonde en 1876 son usine
de Menlo Park, à Orange (New Jersey) où il va poursuivre une carrière
d'inventeur prolixe. Même si un certain nombre parmi les centaines de
grevets qu'il va déposer se bornent à perfectionner des inventions
imaginées par d'autres, cette performance reste unique.
Comme beaucoup d'autres inventeurs, il travaille
à la mise au point de l'ampoule électrique sur laquelle on bute
depuis 1830. L'inventeur anglais sir Joseph Swan avait déjà eu
l'idée de placer dans une ampoule vide d'air un fil de papier revêtu
de carbone; mais le vide imparfait et l'impossibilité de disposer à
l'époque d'un courant électrique stable ne permettaient pas à
la lampe de fonctionner longtemps. En 1844, le Français Foucault était
parvenu à éclairer à l'aide de lampes à arc électrique
une partie de la place de la Concorde à Paris. Mais ces lampes éblouissaient
trop, dispensaient un éclat irrégulier, et leurs baguettes de
charbon s'usaient trop vite.
En 1878, le monde entier s'éclairait donc
encore au gaz ou, plus généralement, à la bougie. Les progrès
des connaissances en électricité permettaient cependant d'envisager
de remplacer, dans un avenir plus ou moins proche, ces systèmes peu commodes
et dangereux par un autre fondé sur l'utilisation de l'électricité.
Encore fallait-il imaginer et développer industriellement les matériels
adéquats. Ce n'était pas une mince affaire, car la nouvelle source
d'énergie ne se domestique pas si aisément. Il faut des générateurs
fiables, et résoudre le problème du transport du courant. Or,
non seulement celui-ci ne se stocke pas, mais, pis, il se dissipe sur de longues
distances. Le Français Marcel Deprez va résoudre en partie cette
difficulté en 1883-1885, en utilisant des hautes tensions sur plusieurs
lignes expérimentales, entre Vizille et Grenoble, Creil et Paris. Simultanément,
les dynamos, les moteurs électriques, les turbo-alternateurs deviennent
de plus en plus performants, grâce aux travaux de Siemens, de Westinghouse,
de Sulzer et d'Edison, notamment. Et les transformateurs apparaissent. Mais
il faut mettre au point le support de l'éclairage électrique,
c'est-à-dire des ampoules de verre à filaments assez solides pour
supporter la chaleur et l'incandescence pendant une longue durée. Comment
maintenir l'éclat à un niveau constant ?
En 1879 il n'a que 29 ans ,
Thomas Edison trouve la solution au problème : le 21 octobre, après
de nombreux essais, il a l'idée d'utiliser un bambou du Japon qui se
carbonise en lançant un vif éclat dans une ampoule alimentée
par de faibles voltages, sous vide. Courbé en U, ce bambou est relié
à deux fils de platine conducteurs de l'électricité. Edison
présente son invention en public le 1er janvier 1880; il illumine
la rue, la bibliothèque et le laboratoire de Menlo Park, à l'aide
d'une dynamo et de 40 ampoules.
En homme d'affaires avisé, Edison ne se
contente pas de la mise au point de son ampoule, il dépose des brevets
et prépare l'industrialisation de ses découvertes. Dès
octobre 1879, avec l'aide de capitaux avancés par les plus grands financiers
de l'époque, entre autres J.P. Morgan et les Vanderbilt, il a fondé
sa propre compagnie, l'Edison Electric Light Company, pour la fabrication industrielle
des lampes. Plusieurs autres sociétés seront ensuite créées
pour l'exploitation du procédé. Le 4 septembre 1882, la première
usine électrique du monde est mise en service à Pearl Street
dans le quartier de Wall Street, à New York. Entièrement
conçue par la société d'Edison, elle n'alimente que 1 200 lampes
éclairant 85 maisons, bureaux ou boutiques. Mais ce n'est qu'un début.
D'autres installations suivent, toujours plus puissantes; moins d'un an plus
tard, plus de 430 immeubles new-yorkais seront éclairés par 10 000 ampoules.
Edison réussit aussi des opérations
publicitaires de grande envergure qui concourent à la propagation de
la lampe à incandescence dans le monde, en particulier à Paris,
lors de l'Exposition internationale d'électricité en 1881, et
surtout de l'Exposition universelle en 1889, apothéose de la nouvelle
forme d'énergie.
L'éclairage électrique devient un
véritable fait de société, symbole de confort domestique
et publique, de sécurité, de fête, voire d'hygiène.
Finies la chaleur, les odeurs désagréables, la saleté de
l'éclairage à l'huile, au gaz et à la bougie. Le «sorcier
de Menlo Park», comme on le surnomme, ne s'en tient pas au succès
de l'éclairage électrique, il travaille simultanément à
d'autres inventions appelées, elles aussi, à un grand retentissement.
Entre-temps, en 1877-1878, Edison a conçu
le premier véritable phonographe, dont le principe avait été
formulé un an plus tôt par Charles Cros. Le dispositif mis au point
à Menlo Park se compose d'un récepteur, d'un enregistreur et d'un
reproducteur: une feuille en étain est placée autour d'un cylindre
en acier, et une aiguille, en acier également, grave et lit tour à
tour les sons recueillis ou diffusés par un pavillon. Bien qu'encore
imparfait il ne sera d'ailleurs pas commercialisé avant 1889 ,
cet appareil concrétise un vieux rêve de l'humanité, sur
lequel se sont penchés de nombreux savants ou esprits curieux depuis
des siècles: reproduire la parole et les sons de façon purement
mécanique.
Edison ne sait pas qu'il pose en même temps
les bases du cinéma parlant. En 1888, après avoir reçu,
à Menlo Park, l'Anglais Eadweard Muybridge, un pionnier de la reproduction
du mouvement en photographie, il met au point un phonographe optique baptisé
«kinetograph» et un phonographe de restitution nommé «kinetoscope».
Il s'agit d'une boîte en bois, percée d'un oculaire devant lequel
défile un film en boucle. Ces réalisations font participer leur
auteur à une nouvelle aventure technologique en plein développement
dans les années 1890: le cinématographe.
Le kinetoscope conduit incidemment les laboratoires
de Menlo Park à modifier le film photographique de 35 mm de largeur
créé par Hannibal Goodwin et fabriqué par George W.
Eastman, en le perforant de chaque côté afin qu'il défile
sur une roue dentée devant l'objectif.
En 1893, les laboratoires de Menlo Park livrent,
en série, de gros kinetoscopes qui sont montés en batteries payantes
pour le public (25 cents la série d'images) dans des salles spéciales
: les Kinetoscope Parlors. La première salle est inaugurée à
New York. D'autres s'ouvrent ailleurs aux États-Unis, ainsi qu'à
Londres, à Paris, etc. Edison et sa société tirent des
bénéfices considérables de l'exploitation de ces ancêtres
des salles de cinéma. Pour alimenter en films les Kinetoscope Parlors,
l'Anglais Dickson, l'un des principaux techniciens de l'équipe d'Edison,
installe à West Orange (Menlo Park) le premier studio de cinéma
du monde. C'est une étrange baraque noire sans fenêtres, mais dotée
d'un toit ouvrant, capable de pivoter sur un rail pour capter les rayons du
soleil. Les films sont tournés avec un kinetograph, devant une toile
noire en guise de décor.
L'apport d'Edison à l'art et l'industrie
cinématographiques ne s'arrête pas là. Sa société
met sur le marché, en 1903, l'Universal Projecting Kinetoscope. Cette
caméra enregistre 12 images sur film de 35 mm à chaque tour
de manivelle. En outre, en achetant le brevet du Phantascope d'Armat et Jenkins
en 1896, qu'elle commercialise sous le nom de Vitascope, l'Edison Manufacturing
Company domine le secteur des images animées. Elle se distingue aussi
par la qualité de sa production cinématographique, sous l'impulsion
d'Edwin S. Porter. Mais ce quasi-monopole aux États-Unis est battu
en brèche lorsque Dickson quitte Menlo Park pour fonder sa propre société:
l'American Mutoscope and Biograph Company.
La transmission à distance des messages
et des sons excite l'imagination des chercheurs depuis très longtemps.
Le télégraphe Chappe au XVIIIe siècle, celui, électrique,
des Anglais Wheatstone et Cooke et des Américains Vail et Morse constituaient
les premières solutions à ce problème. Mais tous ces systèmes,
pour ingénieux qu'ils soient, présentent un inconvénient
majeur: ils utilisent des symboles ou des codes, qu'il faut faire décrypter
à la réception par du personnel qualifié.
Dès 1850, quelques inventeurs songent déjà
à la propagation à distance de la voix humaine non déformée,
à l'aide des ondes électromagnétiques. En 1861, l'Allemand
Philip Reis retransmet une mélodie à distance, avec une machine
électrique baptisée «téléphone». Deux
Américains entrent alors en lice au début des années 1870:
Alexander Graham Bell et Edison. Ce dernier a l'expérience du télégraphe
depuis 1862; et la mise au point du premier phonographe lui confère un
atout supplémentaire pour réussir ce nouveau pari technologique.
Le 19 décembre 1877, il dépose
un brevet pour un émetteur et un récepteur téléphoniques,
conçus pour la Western Union Co. Ils sont dotés de microphones
à pastilles de charbon, l'un des éléments essentiels de
tout appareil téléphonique. Il les associe bientôt à
une bobine d'induction en guise de transformateur. Ainsi naît l'émetteur
à la plombagine (du graphite, c'est-à-dire du carbone cristallisé
presque pur), qui constitue un perfectionnement capital du téléphone
de Graham Bell; au lieu de transmettre directement un courant électrique,
d'une intensité extrêmement faible, obtenu à partir de la
voix, il utilise les vibrations d'une membrane métallique agissant sur
des grains de charbon. Celles-ci provoquent une variation de résistance
des grains, ce qui permet de moduler un courant électrique fourni par
une batterie. De plus, microphone et écouteur sont séparés
ce qui est infiniment plus pratique. Malgré cette découverte,
Edison n'a pas la paternité de l'invention du téléphone,
qui est reconnue à Bell (dont premier brevet avait été
déposé en 1876), à l'issue d'un procès retentissant
entre la Western Union (American Speaking Telephon Company) et la compagnie
Bell. Le téléphone et le phonographe suivent d'abord la même
voie jusqu'à la fin des années 1890. Puis leur usage se différencie.
En 1898, le Danois Valdemar Poulsen invente le magnétophone, un ancêtre
du répondeur téléphonique.
Lorsqu'il meurt à West Orange (New Jersey)
en 1931, Edison jouit d'une réputation mondiale que la majorité
des inventeurs n'ont pas connue de leur vivant. Il est l'auteur, seul ou avec
ses collaborateurs, de 1 093 brevets d'invention, dont celui d'un
accumulateur alcalin au fer-nickel, vers 1914.
En 1884, la découverte inattendue de l'effet
Edison (mise en évidence de l'émission d'électrons par
les métaux portés à incandescence) aboutira, reprise quinze
ans plus tard par le grand physicien britannique J.J. Thomson, à
l'élaboration de la lampe à diode, qui va permettre un prodigieux
essor de la technologie et de l'industrie électroniques.
Le dynamisme, l'inventivité, le sens commercial
et industriel d'Edison sont à l'origine du développement d'un
empire industriel qui compte parmi les plus puissants du monde. Cette nébuleuse
naît en 1878, avec la fondation de l'Edison Electric Light Company. En
1881 apparaissent Edison Works, Edison Tube Co, Edison Shaftin Co, Fort Wayne
Electric Light Co. En 1882, c'est le tour de l'Edison Company for Isolated Lighting.
En 1886 se forme un conglomérat groupant ces entreprises: Edison General
Electric Company. En 1891, le nouveau groupe emploie plus de 6 000 personnes
et possède plusieurs usines et centres de recherche. En 1892, la société
fusionne avec Thomson Houston Electric Company, pour former General Electric,
qui emploie 32 000 personnes en 1910. Depuis lors, le groupe n'a cessé
de croître et est présent dans des secteurs comme l'électromécanique,
l'électroménager, l'électronique, les moteurs d'avions
et les équipements aéronautiques, l'armement, l'astronautique,
pour ne citer que les plus importants.